- ÉCRITURES MULTIMÉDIAS
- ÉCRITURES MULTIMÉDIASÉCRITURES MULTIMÉDIASLa vogue des CD-ROM a consacré, dans le grand public, l’usage du terme multimédia pour caractériser des produits réunissant plusieurs médias sur un même support informatique. Jusqu’alors l’adjectif multimédia appartenait au domaine de la communication et désignait la déclinaison sur plusieurs médias (cinéma, télévision, presse écrite, etc.) d’une même campagne publicitaire. Mais par glissement, l’adjectif a donné naissance au substantif qui tend désormais à supplanter ses concurrents «unimédia» – plus exact, mais qui n’a pas réussi à percer – et «hypermédia», dérivé d’hypertexte, qui continue de s’imposer chez les spécialistes du domaine et présente l’avantage de suggérer non seulement une réunion de médias, mais un mode d’organisation et de consultation.L’originalité du multimédia s’aperçoit mieux si on prend soin de le distinguer de l’édition électronique. Celle-ci peut se caractériser par le transfert sur un support informatique d’ouvrages édités – ou «éditables» – sur un support papier. Certes, l’édition électronique se dégage peu à peu des traditions de l’imprimerie, mais elle ne fait qu’un usage accessoire des ressources du multimédia. Le son, la vidéo, l’image animée, qui sont des médias dynamiques s’inscrivant dans la temporalité, constituent au contraire les ressources essentielles des œuvres multimédias. Si chacun de ces médias a déjà son écriture propre, leur réunion et leur interaction sur un support informatique donnent naissance à un nouveau langage encore balbutiant.Navigation, interactivité, immersion sont les concepts clés qui caractérisent l’écriture multimédia. Ils ont en commun d’impliquer l’utilisateur dans le déroulement de l’œuvre ou du programme à travers une interface (l’écran, les enceintes, éventuellement un masque de visualisation) et grâce à des outils d’interaction (clavier, souris, joystick , data glove ). La navigation autorise l’utilisateur à se diriger dans la structure arborescente ou hypertextuelle de l’œuvre en faisant des choix de parcours. L’interactivité lui permet de piloter certaines actions (déclenchement de séquences, contrôle des mouvements d’un personnage dans un jeu d’arcades, par exemple). Enfin l’immersion le fait entrer dans un décor virtuel lui donnant l’impression de faire partie d’un espace dans lequel il peut se déplacer (visite d’un monument ou pilotage d’un avion, par exemple).La diversité des médias réunis et le rôle dévolu désormais à l’utilisateur-spectateur rendent extrêmement complexes les problèmes d’écriture et requièrent des compétences rarement réunies chez un seul auteur. L’écriture multimédia est donc une écriture plurielle. Elle suppose une planification rigoureuse et la mise en place d’une équipe. À partir d’un synopsis qui décrit brièvement le projet dans ses différentes dimensions, il faut d’abord élaborer un story-board déployant sous forme de graphes la structure générale du produit. Celle-ci est ensuite détaillée dans un scénario qui met en place très précisément chaque écran et les actions qui y sont associées. Alors seulement peut-on commencer à construire une maquette de l’œuvre à partir de laquelle sera lancée la production. Il faudra ensuite une longue période de tests et de mise au point avant que le titre ne soit mis en vente sur le marché.À chaque étape du processus de production sont sollicités différents acteurs qui contribuent chacun à leur place et à leur manière à l’écriture de l’œuvre multimédia. L’élaboration du synopsis et celle du story-board reviennent à l’auteur-concepteur du titre. Le scénario est généralement confié à un réalisateur ou chef de projet qui assure la coordination et la gestion de l’ensemble des ressources techniques mises en œuvre. Parfois secondé par un designer graphique, il dirige l’équipe des ingénieurs du son et de l’image, des spécialistes de l’interactivité et des programmeurs.Des jeux vidéo aux encyclopédies électroniques, des simulateurs de vol aux visites virtuelles des musées, des bornes interactives à Internet, l’écriture multimédia doit s’adapter à des objectifs, des attentes, des thèmes et des supports extrêmement variés. Dans l’état actuel du marché, la tendance est aux produits lourds que seules de grandes entreprises peuvent produire et rentabiliser. Mais de même que le cinéma n’a pas attendu les grands studios d’Hollywood pour faire naître les talents qui l’ont porté au rang de 7e art, il n’est pas douteux que le multimédia a déjà suscité une nouvelle génération de créateurs qui commencent à défricher les voies d’une nouvelle écriture.
Encyclopédie Universelle. 2012.